Dans le cadre de la préparation des 25 ans d'Armorhistel Jean Pierre Serre a rédigé un document retraçant l'histoire des télécommunications dans la région depuis le début des années 90.

Nous avons le plaisir de vous faire partager cette étude très complète.

Document rédigé par Jean-Pierre SERRE le 13 juin 2017

{slider title="1.Le contexte de la période" class="blue"}

A partir des années 1990, de profonds changements vont intervenir dans les télécommunications en France, aussi bien dans le domaine règlementaire que dans celui des réseaux et de l’innovation. France Télécom nait le 1er janvier 1991 à partir des structures de feu la Direction Générale des Télécommunications, créée en 1941 sous le nom de Direction des Télécommunications. L’évolution exceptionnelle vécue par l’entreprise l’ a amenée à quitter la structure de l’Administration, pour devenir une Société Anonyme en 1996. Dans cette période elle a connu cinq présidents : Marcel Roulet, Michel Bon, Thierry Breton, Didier Lombard et Stéphane Richard. En 1997, France Télécom ouvre son capital aux investisseurs privés et à son personnel. Cette année-là, l’ART (Autorité de Régulation pour les Télécoms) est créée. Elle assure désormais la tutelle du secteur. En 2005, ses compétences ont été étendues au secteur postal en prenant le nom d’ARCEP (Autorité pour la Régulation des Communications Electroniques et des Postes). La loi sur la réglementation des télécommunications (LRT) adoptée par le Parlement, conduit à la fin du monopole de France Télécom sur le téléphone fixe dès 1998 (ouverture du 7 de Cégétel). Pour mémoire, le téléphone avait été placé sous monopole d’Etat en 1889 compte-tenu de l’incapacité des opérateurs privés de l’époque à assurer l’interconnexion de leurs réseaux. La téléphonie mobile avait été ouverte à la concurrence en 1987 avec l’arrivée de SFR (sur le radiotéléphone), puis Bouygues Telecom en 1994.

Dès la fin de la décennie 1990, les collectivités locales s’intéressent aux télécommunications car elles sont vecteur de développement économique et d’attractivité des territoires. C’est ainsi que vont apparaitre les zones « colorées » caractéristiques de la disponibilité des services de téléphonie mobile et d’Internet et que va s’accroitre l’implication des élus locaux afin de favoriser le développement sur tous les territoires de l’accès aux mobiles et à l’Internet. Tous les marchés sont désormais en concurrence, avec sur le marché grand public des offres d’Orange (successeur de France Telecom depuis 2013), de SFR (Société Française du Radiotéléphone) , de Bouygues Télécom et de Free. Les offres de services de téléphone fixe, téléphone mobile et télévision ont été entièrement redéfinies avec le développement des réseaux IP (Internet Protocol).

Les années 1990 ont été  marquées par un déploiement capacitaire très important, un foisonnement des technologies de réseau et surtout le déploiement de l’IP, avec en toile de fond, une numérisation de plus en plus forte des supports et des données transmises. La décennie fut une période de transition car par la suite l’IP a supplanté la quasi totalité des technologies déployées jusqu’ alors. Les deux décennies suivantes ont vu une convergence progressive de l’ensemble des services de transport vers le « Tout IP »   ;  nous en sommes là aujourd’hui. Les réseaux mobiles ont vu aussi l’ explosion des débits offerts avec l’arrivée de la 4G. La 5G devrait permettre d’atteindre un débit cible de 10 Gb/s dans les années 2020. Se connecter avec son smartphone avec des très hauts débits, voilà un nouveau défi pour le réseau fixe IP.

La période reste celle de l’intégration progressive de l’informatique, de l’audiovisuel et des télécommunications et l’arrivée d’entreprises mondiales dominantes sur les nouveaux marchés créés, par exemple les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et aussi Microsoft. Le marché est désormais celui du numérique et de tous les services qu’il peut proposer, le smartphone est le terminal universel.  L’ARCEP a constaté une évolution négative de l’emploi dans le secteur   ; l’INSEE a constaté une forte baisse des prix dans le secteur.

{slider title="2.La transmission" class="blue"}

Les réseaux de Transmission connaissent une transformation majeure qui permettra une augmentation capacitaire gigantesque: abandon des câbles de cuivre (coaxiaux, paires, quartes), et des Faisceaux Hertziens (hormis pour des besoins spécifiques) au profit d’artères optiques monomodes. Seuls sont  concernés les réseaux interurbains et régionaux.  Les systèmes équipant ces artères optiques sont dans un premier temps de type SDH (Synchronous Digical Hierarchy).

A partir de la fin des années 90, les systèmes de transmission WDM (Wavelength Division Multiplexing, multiplexage de longueurs d’ondes) complètent ou remplacent les systèmes SDH : ils permettent d’atteindre des débits de 100Gb/sec par paire de fibre avec des débits affluents allant jusqu’à 2,5Gb/s en 2000, 10Gb/s en 2005 et enfin 100Gbt/sec en 2012. La technique ATM (Asynchronous Transfer Mode) développée dans les années 80, essentiellement en Bretagne,  (d’une certaine façon en concurrence de l’IP) est déployée massivement dans la deuxième partie de la décennie pour devenir  le support d’une grande partie des offres de transport Entreprises et du trafic régional IP (IP encapsulé dans ATM). Le déploiement de l’ATM,  s’arrête autour de 2005 (concurrence de l’IP, baisse des coûts de la Transmission N2). L'architecture FTTH (Fiber To The Home) est retenue pour l'opticalisation du réseau local. Son déploiement débute en 2007 mais ne connaît un réel essor qu'après 2012. En 2013, pour la première fois, est mis en œuvre un réseau urbain 100% optique, celui de la ville de Palaiseau.

{slider title="3.Le développement de l'IP" class="blue"}

La première introduction significative de la technique IP sur le territoire national est effectuée dès le début de la décennie 90 par le GIE Renater pour l'interconnexion d'universités, de grandes écoles, de centres de recherche.

Filiale depuis 1978, Transpac exploitait le réseau de transmission de données par paquet X25, créé à Rennes, réseau destiné à l’interconnexion des réseaux d’Entreprises et à l’accès à Internet.

Elle a vu ses services concurrencés dans les années 1990 avec l’arrivée de protocoles tels que l’ATM et surtout le protocole IP de l’Internet permettant des vitesses de transmission supérieures. Le réseau déployé par Transpac en 94 (RAIN - RAEI) se spécialise progressivement pour devenir un réseau  dédié aux trafics Entreprises.

Aujourd’hui OBS (Orange Business Services) a pris le relais de Transpac.

Un grand réseau IP National (RBCI) pour France Telecom est ouvert  le 9 février 1999  (la collecte régionale est dans un premier temps ATM puis remplacée en 2005 par une infrastructure Giga Ethernet).

Le point d’entrée dans le réseau est au départ permis par les accès RTC (les clients utilisent des Modems RTC analogiques ou Numeris) via des interfaces RTC-IP spécifiques. Au cours de l’année 98, des accès ADSL sont mis en exploitation au Mans, à Nice et à Paris (15ème - Hauts de Seine).  La montée en puissance de l’ADSL est progressive; le nombre de clients ADSL dépasse celui des clients RTC en 2006.

Le réseau IP de France Télécom, dans sa première phase, supporte uniquement le trafic d’accès à Internet ; l’intégration du service téléphonique sur IP est effective en 2000 ; la diffusion TV débute en 2004.

L'arrivée de la Freebox en 2002 et de la Livebox en 2004 permet l'ouverture commerciale des offres Triple Play. Le dégroupage en 2005 (partiel ou total) favorise la concurrence des offres ADSL.

La mise en place d'une architecture spécifique à base de CDN (Content Delivery Network) en 2011 favorise considérablement la diffusion de contenus multimedia (Video On Demand, le replay TV, divers contenus en streaming).

Les consommateurs de services en lignes sont de plus en plus connectés (PC, tablettes, Smartphones, TV) , ce qui provoque une augmentation foudroyante des débits unitaires : les opérateurs doivent faire face à un doublement des débits tous les 30 mois (voir graphe). Le parc des accès Très Hauts débits qui connaît une forte progression dans la décennie 2000,  passant de 0,5 à 24 millions d'accès, se stabilise après 2010, avec toutefois, après 2010, une migration forte des accès DSL vers le FTTH.

Les années 2010 consacrent la suprématie de la technique IP : tous les services (fixes ou mobiles) migrent progressivement sur IP.

{slider title="4.Les réseaux câblés" class="blue"}

Dans les années 1990, l’évolution technique des réseaux câblés est marquée par l’introduction des fibres optiques monomodes dans leur réseau de transport. Cette évolution est permise par l’apparition de diodes lasers suffisamment performantes en bruit et en linéarité pour que les fibres transportent le multiplex de canaux TV véhiculés jusqu’à présent par des câbles coaxiaux. Nous sommes ainsi arrivés à la structure de réseau dite « HFC » - Hybrid Fiber Coaxial - dans laquelle le réseau de distribution reste coaxial et est alimenté par des liaisons en fibres monomodes directement issues de la station centrale.

La définition par le consortium DVB (Digital Video Broadcasting) d’une structure de canaux numériques, DVB-C, qui pouvait s’insérer parmi les canaux traditionnels analogiques PAL ou SECAM, a ensuite permis de faire face à la numérisation de la radiodiffusion terrestre ou par satellites. Les canaux analogiques ont ensuite progressivement disparu, parallèlement à la radiodiffusion, et les réseaux câblés ont retransmis finalement directement les canaux de la TNT. Une autre évolution technique importante a été constituée par l’apparition de la fameuse « voie de retour » dont il était question dans les réseaux câblés depuis les années 70. En fait, il n’y a pas eu d’interactivité spécifique aux réseaux câblés et cette voie de retour interactive a été motivée par la transmission des services Internet sur IP. La première spécification DOCSIS 1.0 a été publiée en 1997 sous l’impulsion de l’industrie américaine du câble ; pour les abonnés, elle permettait un niveau de service comparable à celui des modems sur RTC. Puis DOCSIS 2.0, apparue en 2002 peut être comparée à l’ADSL, le débit augmente, mais la structure en canaux de 8 MHz (en Europe) est conservée. Enfin, à partir de DOCSIS 3.0 (2006) et surtout 3.1 (2013), la structure en canaux disparait progressivement pour une modulation numérique à large bande et les chaînes de télévision sont distribuées en mode IPTV, comparable aux box xDSL ou aux réseau optiques PON.

Au début des années 90, le Minitel était bien développé et on cherchait à étendre les services interactifs à l’audiovisuel. À cette fin, les réseaux câblés étaient considérés comme un support privilégié : équipés d’une « voie de retour », ils semblaient être les seuls à pouvoir assurer les débits nécessaires à de tels services audiovisuels. Mais il n’y avait pas d’équipements de voie de retour disponible sur le marché : à part les amplificateurs qui étaient équipés de duplexeurs et de modules de voie de retour, il n’y avait ni modems d’extrémité ni de protocole capable de supporter ces services.

Et la France, avec ses 850 000 logements raccordés en 1992, soit 4% du parc, ne pouvait guère jouer un rôle moteur dans ce domaine. En effet, malgré la volonté politique et les investissements considérables consentis par la DGT pour le « Plan Câble » de 1982, la pénétration du câble était loin de correspondre aux espérances. La faute à une réglementation complexe plus motivée par les équilibres politiques que par une analyse de marché rationnelle ; parallèlement au câble, on avait aussi introduit  de nouveaux programmes terrestres, qui ont coupé l’herbe sous le pied aux nouveaux programmes apportés par les réseaux. Ensuite, sont arrivés les satellites de télévision, qui permettaient, avec des investissements bien moindres, d’offrir de nouveaux programmes immédiatement disponibles, programmes que l’on savait faire payer grâce aux systèmes de contrôle d’accès bien au point. Les réseaux câblés étaient donc définitivement distancés pour la distribution de télévision, malgré une libéralisation de la réglementation. En jouant sur les abonnés captifs des HLM des villes câblées, on est arrivé à 1 450 000 abonnés en 1996 ; mais c’était souvent avec un abonnement minimal : le « service antenne », comprenant les chaînes terrestres et un canal promotionnel.

Restaient les services audiovisuels interactifs. France Télécom s’est engagée dans un consortium international d’acteurs des télécommunications et de l’audiovisuel qui avait pour objectif de définir un jeu de normes et de spécifications dans ce domaine de l’interactivité audiovisuelles. Mais ce consortium n’a pas survécu au déferlement du web sur l’Internet . Les réseaux câblés devaient s’adapter aux services Internet, ce qui a été fait avec l’apparition des spécifications DOCSIS décrites plus haut et des équipements correspondants. Enfin, l’apparition de l’ADSL (ASsymétric Digital Subscriber Line) puis du VDSL (Very-High-Bit-Rate DSL) ont accéléré le désintérêt de France Télécom pour les réseaux câblés : l’infrastructure cuivre de la boucle locale équipée avec du xDSL permettait d’assurer tous les services visés[1] pour un investissement bien inférieur et le taux de pénétration était sans commune mesure. Les réseaux détenus par France Télécom ont alors été cédés à d’autres opérateurs dont Numéricable.

[1] Avec parfois l’aide d’une réception par satellite.

{slider title="5.Les réseaux de communication avec les mobiles" class="blue"}

Le premier service de téléphonie mobile est apparu en 1956 sur un réseau d'une capacité de 10 000 équipements et à couverture géographique très limitée. La deuxième étape a été l'ouverture du réseau Radiocom 2000 en 1986, technique analogique qui a constitué la 1G (première génération) dans la terminologie du domaine. La capacité a atteint plusieurs centaines de milliers de terminaux  avec une couverture presque nationale.

A cette époque, différents réseaux spécialisés ont été mis en place : radiomessagerie (Eurosignal, Alphapage, Tatoo, Operator), réseaux de données, réseau de communication urbaine de proximité ( Bi Bop ). Ils n'ont pas résisté longtemps à la concurrence et au développement rapide du GSM (Global System for Mobile) . Cette technologie numérique de la 2G est un très beau succès d'une collaboration européenne qui, à l'époque, était en avance sur les réseaux américains ( par exemple pour l'itinérance entre pays / états ). Le réseau a été ouvert en 1992 et le cap du million de clients a été très vite atteint.

L'évolution naturelle des réseaux a visé à fournir des débits de transmission de plus en plus élevés et une offre de services plus large. On peut mentionner le SMS (Short Message Service), le MMS (Multimedia service) , l'accès à Internet, avec les étapes techniques suivantes : la 2,5G avec le GPRS (Global Packet Radio Service), la 2,75G avec EDGE (Enhanced Data rates for GSM Evolution), la 3G avec l'UMTS (Universal Mobile Telecommunication System) déployé à partir de 2004, la 3,75G avec le HSPA+ (High Speed Packet Access) en 2013. Les normes correspondantes ont été développées au sein du 3GPP ( 3rd Generation Partnership Project).

Vint ensuite la 4G, largement déployée en 2015, avec la technique baptisée LTE (Long Term Evolution) qui sera suivie de la version LTE Advanced. La 5G est en cours de développement pour une ouverture vers 2020.

A titre de remarques, deux points sont à mentionner :

- le parc de mobiles a dépassé celui des lignes fixes vers 2010

- le développement des radiocommunications reste tributaire de l'attribution de bandes de fréquences, domaine qui connait une concurrence forte avec d'autres grands utilisateurs comme les forces armées (plus autres services de sécurité) et la radiodiffusion.

{slider title="6.Le minitel et Internet" class="blue"}

En 1975, les radiodiffuseurs britanniques présentent les premiers essais d’un système permettant de présenter des textes agrémentés d’illustrations sommaires sur l’écran d’un téléviseur. Les premières spécifications, très marquées par la situation de l’informatique, sont à ce point verrouillées qu’il n’est possible de présenter que des textes en anglais : comme les ordinateurs dont tous les langages de programmation ignorent les ß, é, œ, ñ et autres fantaisies inutiles du continent.

Le CCETT est chargé d’adapter le système britannique aux spécificités des langues européennes : ce sera le système ANTIOPE. Lors d’une démonstration du prototype ANTIOPE à Moscou, les ingénieurs soviétiques demandent s’il est possible de diffuser ces pages, non par la radio mais par le téléphone : la réponse sera oui, sans autre modification que l’adjonction d’un modem. Au même moment, les bases de données regroupant des informations scientifiques ou journalistiques commencent à apparaître : le CCETT vise alors de donner au grand public accès à ces trésors de connaissance encore en devenir. Le Minitel est donc né en septembre 1977 et présenté pour la première fois à Berlin avec l’accès à un annuaire, à des bases de données sur les résultats du championnat de football, sur les vins et une messagerie qui véhiculera le faire part de mariage de deux membres de l’équipe.

Avec le recul, il est aisé de voir que tous les services présents aujourd’hui sur le web sont apparus de 1977 à 1980 lors des expérimentations de Télétel : outre les bases de données, on a vu naître le commerce en ligne, avec paiement par carte, les services de rencontre, la presse en ligne violemment combattue par Ouest-France. L’image, qui manquait au début, a fait son apparition en 1987 (deux ans avant les premières publications de Tim Berners-Lee) avec les premières versions de ce qui deviendra JPEG. Le photovidéotex avec ses services de catalogues, de vente immobilières et les trombinoscopes en ligne est déployé avec quelques centaines d’usagers deux ans avant que le projet WorldWideWeb ne soit rendu public.

Ancêtre d’Internet, le Minitel ? Non, seulement du web car le réseau support, TRANSPAC, ne présentait pas les failles de sécurité du réseau Internet. La version de base du service, déployée en 1981, a terminé sa carrière sans même ses évolutions ultérieures quelque 30 ans plus tard avec la mort de TRANSPAC.

{slider title="7.La Commutation" class="blue"}

Le parc des autocommutateurs téléphoniques français est 100% numérique à partir de 1995 (arrêt du Pentaconta de Givors le 6 décembre 94). La décennie 90 est marquée par une croissance capacitaire importante, un alignement de la signalisation sur les normes internationales et le développement des Réseaux Intelligents.

La généralisation du code CCITT N7 et la numérisation des autocommutateurs permet (après Numéris en 88) un fort développement des Réseaux intelligents au cours de la décennie 90 : ceux-ci permettent de proposer aux clients des services téléphoniques enrichis: Réseaux Privés Virtuels, numéros non géographiques, tarification différenciée, cartes FT…

En 2000, la commutation connaît son apogée : la capacité des autocommutateurs est stabilisée avant de connaître une décroissance à partir de 2005, avec la montée en puissance de la Téléphonie sur IP et des services Mobiles.

Le parc de lignes téléphoniques culmine à 34 Millions dans les années 90, décroît régulièrement à partir de 2000 pour atteindre 10 Millions en 2016. A partir de 2017, la commercialisation des offres sur RTC est arrêtée.

Des études sont menées pour moderniser le réseau (le NGN) mais finalement abandonnées. Des solutions de migrations des lignes téléphoniques sur IP (notamment pour les zones 100 % optiques) sont mises au point.

Le réseau TELEX qui s’était encore développé dans les années 80, concurrencé par la télécopie et les services de messagerie, connaît ensuite une forte décroissance mais se maintient notamment pour le trafic international. Le dernier autocommutateur parisien est arrêté début 2017.

{slider title="8.La télévision numérique" class="blue"}

Des années 90 à nos jours, la télévision a changé au moins autant qu’au cours des 25 années précédentes, qui avaient pourtant vu une modification considérable du paysage audiovisuel mais sans grandes ruptures techniques hors l’introduction de la radiodiffusion directe par satellite, avec de plus quelques ratages notables comme la TV haute définition et les systèmes spécifiques pour la diffusion par satellite.

Les 25 années suivantes ont au contraire été marquées par l’introduction d’innovations techniques majeures qui ont abouti à la numérisation de la totalité de la chaîne. La distribution numérique des programmes par voie hertzienne ou par Internet et la TV haute définition en sont les aspects les plus visibles. Mais l’extrême diversification des supports et des contenus, la multiplicité des conditions d’utilisation (du téléphone à l’écran de salon), en d’autres termes la montée en puissance et la généralisation du multimédia, dont la TV diffusée ou distribuée n’est qu’un aspect parmi d’autres, ont modifié les aspects socio-économiques autant que techniques, et remis en question le statut de référence culturelle que la TV diffusée s’était taillé jusque là.

Le rôle de la recherche et de ses différents acteurs était évidemment essentiel. Toutes ces innovations sont en partie interdépendantes, la TV numérique et particulièrement la TVHD n’a pu exister que grâce à la lente maturation des techniques de codage source et canal permettant de maîtriser et de transmettre l’énorme débit d’information généré, et à l’arrivée d’écrans plats de grandes dimensions permettant au grand public de disposer d’un vrai service.

La recherche ne s’arrête pas et tout ce qui est lié à la numérisation progresse, mais d’autres innovations n’ont pour le moment pas abouti à des services, notamment le rendu du relief malgré de nombreuses tentatives. Qu’appellerons-nous demain télévision ? Nous pouvons nous en faire une idée, mais la réponse dépendra de multiples acteurs.

{slider title="9.L’industrie" class="blue"}

En Europe l’élément clé  de la décennie 1985-95 est l’évolution du cadre réglementaire du marché des télécommunications. La libération des services de télécommunication et l’ouverture à la concurrence entraînent d’importants changements pour les  équipementiers et les fusions acquisitions qui se multiplient modifient profondément le paysage. Dans un premier temps, la concurrence et l’arrivée de nouveaux opérateurs constituent pour les équipementiers une opportunité de croissance. La technologie Hiérarchie Synchrone (SDH) et la fibre optique permettent d’augmenter considérablement la capacité des réseaux, mais à la fin du siècle les opérateurs déjà fortement endettés prennent conscience que les besoins en très haut débit ne sont pas encore présents et que les réseaux optiques sont surdimensionnés pour une longue période . En conséquence  ils réduisent les investissements.

Pour les industriels un autre phénomène intervient défavorablement ; certains risquent de ne pas être payés pour les équipements fournis , et la demande de certains opérateurs d’un financement à 100% du coût des réseaux pour devenir fournisseur préférentiel élimine les plus faibles. Pour lutter, les industriels se tournent vers la téléphonie mobile et Internet mais cette nouvelle orientation nécessite d’importants efforts en R&D et donc en moyens financiers, il faudra de nombreuses années pour atteindre une relative stabilisation de la situation avec entre temps de nouvelles disparitions et fermetures d’usines.

Le monde des télécommunications aujourd’hui  en France n’a plus rien à voir avec le passé : LTT disparait en 1985 absorbé par CIT-Alcatel, TRT est repris par Philips puis Lucent en 1998, SAT-SAGEM devenue Safran en 2000 se désengage des télécommunications dans les années suivantes.  Alcatel après avoir absorbé Thomson-CSF, puis SEL (ex ITT), TELETTRA et d’autres encore  après un mariage douloureux avec Lucent en 2006 devient la cible de NOKIA en 2015. La fusion NOKIA, Alcatel –Lucent est effective  en octobre 2016. Alcatel –Lucent devient une filiale de NOKIA. Ce nouvel acteur se  veut champion Européen et leader global dans l’accès à l’ultra haut débit, les réseaux IP et les applications cloud.  Il est présent dans le paysage français et mondial aux côtés d’ERICSSON et de nouveaux venus comme HUAWEI et CISCO.

{slider title="10.La création d’entreprise, les startups" class="blue"}

A la fin des années 1990, le concept de start-up se développe avec l’apparition des sociétés « dot.com ». Par exemple en 2000, 9 startups ont été créées sur Rennes Atalante dont 6 issues de la R&D de France Telecom, sur des domaines tels que la fibre optique (Algety telecom, Highwave Optical Technologies) , la téléphonie mobile (Atchik), la télévision numérique (Envivio.com), la diffusion numérique (Teamcast), les contenus multimedia (Wokup)…

L’explosion de la bulle Internet dans les années 2000 mettra fin à l’activité de beaucoup de start-ups mais celles qui ont srvécu ont une assise internationale.

Le concept est à nouveau en développement  et s’applique à toutes les jeunes entreprises ayant un potentiel de croissance rapide quel que soit le secteur concerné contrairement à la fin des années 1990 où il était orienté nouvelles technologies de la communication.

{slider title="11.Les services" class="blue"}

Jetons un bref regard en arrière sur les services de télécommunications offerts en France dans les années 90. À cette époque, la téléphonie mobile est balbutiante, le premier téléphone français aux normes GSM date de 1990, le minitel est à l’apogée de son développement, tandis le World Wide Web inventé en 1989 émerge et va concurrencer durement le minitel. Les services d’images à la demande, annoncés dès les années 80 sur les réseaux du plan Câble se font toujours attendre... Aujourd’hui, quant nous songeons aux services que nous utilisons, à leur omniprésence quotidienne : messagerie, réseaux sociaux, services d’images, de géolocalisation, nous nous rendons compte du chemin parcouru.

Ces services, que l’on appelait alors NPS pour Nouveaux produits et services, ont eu une longue gestation au cours des années 80-90. Si la structure et l’organisation de la Direction Générale des Télécommunications (DGT) était une machine de guerre bien adaptée au rattrapage d’équipements téléphoniques Delta LP, elle était moins agile pour s’adapter aux nouveaux défis commerciaux qui s’annonçaient avec l’arrivée de nouveaux services : télécopie, téléfax, téléalarme pour personnes âgées, cartes à puces, services d’images par satellites, Télétel etc... Tous ces services empiétaient sur les territoires d’acteurs déjà en place ou qui convoitaient des parts de ces marchés émergents. Ces années furent pour la DGT « une phase d’apprentissage organisationnel intense, pleine de surprises » (1). Elles le furent aussi  pour le personnel politique qui prépara la loi du 29 décembre 1990 sur la réglementation des télécommunications.

Cette loi s’inscrit dans un mouvement plus général de déréglementation issu des  Etats-Unis. Associée à la généralisation de la numérisation des services et des réseaux mais aussi au développement de la téléphonie mobile cette loi va doper le développement des services pour tout type de clientèle et dans tous les secteurs d’activité. Qu’il s’agisse de vie professionnelle ou de vie privée, la numérisation des communications amorce un mouvement profond de transformation de nos relations sociales, de l’accès au savoir, du travail et de son organisation... C’est une banalité que de le dire et un vrai défi que d’analyser les incidences économiques, sociales et politiques de cette explosion des services numériques.

Un premier effet positif fut de modifier le statut de l’utilisateur de ces services. De facto, il passe du statut « d’usager », qui avait rarement son mot à dire au statut de client. L’ouverture à la concurrence amène le client à choisir son opérateur en fonction de critères qui lui sont propres, le prix bien sûr mais aussi la qualité technique ou commerciale du service proposé. L’interface entre les hommes et les machines, longtemps négligée par les ingénieurs et les concepteurs de services devient essentielle car elle concerne le confort d’usage de ces services. Un organisme indépendant, l’ARCEP (2),  surveille la bonne application des engagements des opérateurs vis à vis de l’État et vis à vis des clients. La multiplication des offres de contenus et de supports a entraîné une forte croissance du budget des ménages consacré aux technologies de l’information et de la communication dans un contexte de baisse marquée et ininterrompue des prix et des services provoquée par l’ouverture à la concurrence. Selon l’INSEE, en 2015 les services de télécommunications, stricto sensu, étaient orientés à la baisse. Certes le marché des téléphones mobiles reste dominant et dynamique mais à un rythme moindre que les années précédentes (3).

Tel Janus, la numérisation complète des services d’information et de communication, certains parlent de « déluge numérique », est un système bi-face. Côté pile, elle multiplie les aides au quotidien, ouvre le champ de l’information, facilite et élargit les échanges, les projets participatifs, une gouvernance horizontale. Côté face, fausses informations et rumeurs circulent, les outils d’optimisation de la mise en relation servent à « l’ubérisation » des métiers. Les données que le consommateur génère à chaque connexion à un service , cumulées par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazone, Microsoft),  produisent une valeur certaine, captée sans contrepartie pour l’utilisateur de ce service.

Une nouvelle étape de développement s’est ouverte depuis une dizaine d’années. Les services de télécommunication ne se cantonnent pas à la mise en circulation de contenus, textes, sons, images. La généralisation d’Internet à la fin du XXème siècle est une phase du développement des services numériques. Il en est une seconde, amorcée depuis les années 2000, source abondante d’innovations et en pleine expansion aujourd’hui, c’est celle des objets connectés qui prolifèrent. Enregistrant nos faits et gestes, nos paramètres de vie, nos déplacements, nos goûts, ils sont supposés nous aider à mieux organiser le quotidien, à prévenir des risques de santé, à gouverner notre vie. Ces données collectées, cumulées et traitées, nous seront en partie restituées sous forme de conseils, mais aussi sous forme de sanctions par les tarifs, par exemple dans l’assurance ou la santé. Cette collecte des données et leur traitement c’est l’industrie du « big data », objet de fantasmes et de spéculations contradictoires sur la protection de la vie privée ou sur l’ émergence d’un nouvel eldorado des données.

Et puisque tout est numérisé, les contenus comme les transports de ces contenus, la lutte est désormais âpre entre opérateurs de télécommunications, industriels des contenus, et géants du numérique. Le développement exponentiel des services repose de manière aiguë la question de l’accès aux infrastructures du haut débit et de la fibre optique ainsi que celle de leur financement. Pour prolonger cette croissance des services amorcée dans les années 90 faut-il séparer fonctionnellement les réseaux des services ? Stéphane Richard vient d’annoncer le lancement d’Orange Bank qui bénéficiera du réseau de l’opérateur. On prête à Vincent Bolloré actionnaire principal du groupe Vivendi et donc de Canal + de l’intérêt pour une entrée au capital d’Orange. Concurrence ou convergence des stratégies ?

Ainsi la question de la séparation des métiers entre opérateurs de télécommunications et producteurs de contenus, question posée en France dans les années 80 lors du lancement du plan Câble, demeure toujours d’actualité. Le marché des services de télécommunication s’est radicalement transformé depuis. Mais le mouvement dialectique entre réseaux et services se poursuit allégrement.

[1]          Marie Carpenter. La bataille des télécoms. Economica. 2011.

2          Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes

3          Source : Insee Première N° 1601, juin 2016.

{slider title="12.Les Télécoms en Bretagne" class="blue"}

La « vocation électronique » de la Bretagne nait en 1950 avec la création par René Pleven [2] du Comité d’Etudes et de Liaison des Intérêts Bretons, le CELIB. En 1963, la DATAR [3] propose la décentralisation des centres de recherche, mouvement amorcé par Pierre Marzin [4] en 1960 par la création du CNET Lannion et en 1961 du centre spatial de Pleumeur Bodou. Elle propose aussi le développement de l’électronique et de l’informatique hors Paris, ce qui se traduit  par des implantations industrielles à Brest et à Rennes. Pierre Marzin obtient l’accompagnement du CNET par des industries électroniques à Lannion, à Rennes, à Brest et ailleurs en Bretagne.

Universités et Grandes Ecoles se développent en Bretagne dans le domaine des TIC à partir de la fin des années 1960, sous l’action volontariste des pouvoirs publics :

  • à Rennes, INSA et INRIA en 1966, SUPELEC en 1972, IRISA en 1975,
  • à Brest, Télécom Bretagne en 1977,
  • à Lannion, IUT puis ENSSAT en 1986,
  • et d’autres Ecoles moins grandes, ainsi qu’une implication forte des Universités de Bretagne qui créent des Instituts à Rennes et à Brest.
  • Côté militaire, le CELAR ouvre en 1968 près de Rennes, l’ESEAT s’installe à Rennes en 1973 et devient l’ESAT, l’ENSIETA  s’y ajoute à Brest en 1994.

L’arrivée de l’audiovisuel en Bretagne date de 1972 avec le déplacement à Rennes de  laboratoires de Thomson-CSF et la création du CCETT, commun à l’ORTF et au CNET. Les projets de services de transmission de données dans l’image télévisuelle se multiplient. Des entreprises suivent. Puis les travaux se tournent vers l’image numérique où la Bretagne est présente.

La création de la technopole Rennes Atalante en 1984 va permettre la création d’un tissu d’entreprises s’appuyant sur les TIC. Des associations comme la MEITO, GRANIT (créée en 1976) faciliteront les échanges inter-entreprises et contribueront au développement du secteur. Transpac est créée en 1977 à Rennes. D’autres implantations industrielles commencent en 1974 avec la première implantation étrangère, Newbridge, suivie par d’autres dans les années 1990 (Canon, Lucent, Wandel et Goldermen, Mitsubishi), qui installent leurs laboratoires à côté de ceux d’Alcatel et de Thomson. La crise de la « bulle Internet » en 2001 réduit le développement industriel.

Un musée des télécommunications est ouvert à Pleumeur Bodou en 1991, il est devenu la Cité des Télécoms. L’année suivante voit la naissance de l’association Armorhistel.

Les années 2000 voient la création des pôles de compétitivité : « Images et Réseaux », « Mer Atlantique », « Agroalimentaire Valorial » et « iDforCAR ». Ces pôles, dont deux sont à vocation mondiale, permettent un travail transverse entre entreprises et recherche.  C’est ainsi que nait « Bcom ». La French Tech Rennes Saint-Malo s’installe à Rennes, au Mabilay, en 2015.

La Bretagne, comme les autres régions de France est dotée d’un réseau de télécommunications de desserte des clients. Des services régionaux ont la responsabilité de la construction et de l’entretien de ces réseaux ainsi que de la gestion de la relation client. Ils ont eu à gérer l’arrivée progressive des technologies numériques en transmission et commutation, le développement de la téléphonie mobile, puis l’arrivée d’Internet. Ces évolutions associées à la libéralisation du marché des télécoms ont conduit à des changements importants chez les opérateurs en terme d’offre commerciale et d’organisation .

CCETT : Centre Commun d’Etudes de Télévision et de Télécommunications

CNET : Centre National d’Etudes des Télécommunications

CELAR : Centre Electronique de l’Armement

ESEAT : Ecole Supérieure de l’Electronique de l’ Armée de Terre, devenue ESAT Ecole Supérieure de l’Armée de Terre

ENSTA : Ecole Nationale Supérieure des Techniques Avancées

GRANIT : Groupement Armoricain en Informatique et en Télécommunications.

INSA : Institut National des Sciences Appliquées

INRIA : Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique

SUPELEC : Ecole Supérieure d’Electricité

MEITO : Mission pour l’ Electronisation de l’Ouest

ORTF : Office de Radiodiffusion Télévision Française

TIC : Technologies de l’Information et de la Communication

 

[2] René Pleven (1901-1993) fut député des Côtes du Nord de 1945 à 1969.

[3] Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale

[4] Pierre Marzin (1905-1994) fut directeur du CNET Lannion, Directeur Général des Télécommunications, sénateur.

{slider title="13.Attendus de la table ronde" class="blue"}

Un premier temps sera consacré à recueillir les témoignages de plusieurs intervenants (institutionnel, industriel, opérateur, recherche, Start-ups) sur leur vécu de la période 1992-2017. Nous approfondirons avec eux le  développement des nouvelles technologies (difficultés, rapidité, financement…) en s’appuyant par exemple sur deux technologies naissantes dans les années 1990 et omniprésentes aujourd’hui, la téléphonie mobile et la télévision numérique.

Un deuxième temps sera consacré à un échange avec plusieurs créateurs de startups.

{slider title="14.Intervenants" class="blue"}

Opérateur télécom : Pierre Jacobs (Directeur Orange Ouest)

Institutionnel : Isabelle Pellerin (Rennes Métropole - Vice-présidente en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)

Industriel : Christian Queffelec (Astellia - Président et fondateur d'Astellia)

Recherche : Christiane Schwartz (ex- Directrice CCETT et Présidente Pôle Images & Réseaux)

Monde des startups : French Tech Rennes-Saint-Malo

Animation : Bernard Marquet (Conseil départemental 35 - Vice-président en charge de l’économie, de l’innovation … et ex-Président Cantine numérique rennaise)

 

{/sliders}

e-max.it: your social media marketing partner