Guglielmo Marconi
1874 – 1937
Les premiers émetteurs radio
Médiocre étudiant du professeur Righi, il s’intéresse tôt aux applications pratiques des ondes électromagnétiques. Après des expériences menées avec ses ressources propres, dans la villa de ses parents et ensuite en Suisse, il recherche un financement externe. Après avoir été éconduit par le ministère des PTT italien, il gagne Londres en février 1896 avec sa mère. Il dépose une demande de brevet le 5 mars 1896 (abandonnée plus tard) et Il adresse une lettre le 20 mai 1896 à l’amirauté pour lui proposer un dispositif de télécommande à distance de vedette ou de torpille (portée plus d’un mille). La proposition quoique prise au sérieux, n’a pas eu de suite. Il obtient alors une lettre de recommandation d’un ingénieur de renom, A Campbell-Swinton , adressée à W Preece l’ingénieur en chef du B.P.O. Convaincu par G Marconi, celui-ci demande pour lui au parlement Britannique une subvention de 12 000 shillings (15 000 Fr/or). Avec cet argent, il peut faire fabriquer du matériel et recruter quelques collaborateurs dont Georges Kemp qu’on retrouvera lors des expériences de Wimereux. Entre septembre 1896 et Mars 1897, il réalise des démonstrations dans la plaine de Salisbury, avec des portées de plus en plus importantes.
En mai 1897, il réalise, en présence de 3 ingénieurs délégués par BPO pour contrôler ses expériences, une liaison bidirectionnelle dans le canal de Bristol sur environ 16 km.
Le 4 juin 1897 W Preece rend compte devant la Royal Institution de Londres, du résultat des expériences de Marconi. On y trouve un historique de la question et une description des moyens utilisés, et l’espoir d’une utilisation prochaine. Cette conférence a eu un grand retentissement et on trouve, en France, des comptes rendus assez complets dans des revues scientifiques telles que « La Nature » ou « La Science Illustrée ». Marconi dépose des brevets et sans doute enivré par sa réussite, va jusqu’à laisser entendre qu’il a tout inventé. Cette affirmation, va lui valoir quelques retours de bâton. On trouve par exemple, en France, dans les Annales Télégraphiques de mars/avril 1898 un long article de l’ingénieur des télégraphes J.Voisenat, donnant une analyse complète de l’historique de la question, et indiquant que les dispositifs utilisés par Marconi étaient utilisés depuis des années par les physiciens dans leurs laboratoires. Ce faisant, il nous permet de comprendre que le mérite de Marconi, et il n’est pas mince, est d’avoir songé à donner une utilisation pratique à des dispositifs qu’avant lui, personne, sauf peut-être Popov n’avait essayer d’utiliser dans un but utilitaire. Il est nommé directeur de la Wireless Telegraph and Signal compagny crée en juillet 1897. Elle deviendra en 1900 la Marconi’s Wireless Telegraph Compagny. La création d’une société puissante (capital de 100 000 £), donc disposant d’importants moyens financiers et humains, sera un atout fort qui conduira à une situation de quasi-monopole. Ce sera le « Marconisme », qui sera combattu et mis en échec par les autres grandes nations de la télégraphie sans fils : Allemagne, France, USA, appuyées par des instances internationales.
Camille Tissot
1868 – 1917
En 1896, Camille Papin Tissot est professeur titulaire de la chaire de physique de l’école navale. Depuis 1894 il étudiait « la propagation des effets électromagnétiques » (cité dans un article de Y, Bouquillon Conservateur honoraire Musée de la salle d’honneur du 8e régiment des transmissions, intitulé « Hommage à Camille Tissot….pionnier de la T.S.F. » publié dans les cahiers de la FNARH n°85 en 2002 . Appuyé par l’état-major de la marine, il lance des études pratiques, qui débouche le 3 aout 1898 sur une liaison TSF avec le Borda, sur une distance de 1,8 km, il obtient le soutien du ministre de la Marine pour développer une filière française (i.e affranchie des brevets de Marconi). Il multiplie alors les expérimentations pratiques mais aussi apporte une contribution notable aux connaissances théoriques concernant la production et l’émission des ondes hertziennes. A ce propos, il est cité 3 fois dans un petit opuscule de Henri Poincaré, éditions Scientia n° 23 de février 1904dont le titre est : « théorie de Maxwell et les oscillations Hertziennes- La télégraphie sans fil ». Page 60, Poincaré indique que ses expériences ont prouvé que dans l’émission des étincelles rares, la période n’est pas constante et décroît des premières oscillations aux dernières. Page 100 à propos du rôle de l’antenne, il démontre qu’un fort amortissement est favorable aux transmissions lointaines. Enfin page 104/105 dans l’étude du transmetteur de Marconi, où les ondulations à transmettre ne sont pas transmise directement, mais à travers un transformateur, il a montré expérimentalement que l’amortissement était plus faible que dans la transmission directe. Poincaré qualifie Tissot de « savant officier », l’hommage n’est pas mince. Avec Ferrié, il joue un rôle important dans la mise en place des émissions de signaux Horaires par la tour Eiffel (pour un marin c’est une contribution forte à la solution de la détermination des longitudes). En relation avec Ducretet, il dote la marine française d’un équipement de télégraphie de premier plan. Utilisé par sa hiérarchie sans ménagement pendant la guerre, il décède de la tuberculose à 49 ans en 1917.
Réginald Fessenden
1866 – 1932
Il est le premier en 1900 à transmettre la voix. Et en 1906 il réalise une émission de radio combinant voix et musique. En 1902, il établit le principe de l’hétérodyne sans pouvoir le mettre réellement en œuvre.
John Ambrose Fleming
1849 – 1945
Il étudie dans un laboratoire Londonien de la compagnie Edison l’effet Edison. Il en tirera le brevet de la valve en novembre 1904. Il s’en servi comme détecteur d’onde. C’est le début de l’électronique à tube.
Lee de Forest
1873 – 1961
Il dépose en 1907 le brevet de la lampe à trois électrodes sous le nom d’Audion, c’est une lampe thermoïonique. Il s’en sert fin 1907 pour faire avec la marine américaine des expériences de téléphonie sans fil. Son brevet finit par être racheté par la Bell, qui entreprend de la transformer en tube électronique à vide. Il permettra de réaliser les amplificateurs utilisés pour établir en janvier 1915 la communication transcontinentale New York- San-Francisco. Les années 1910 et 1920 virent la multiplication des modèles de tubes à vide dérivés de l’audion. Augmentation du nombre de grilles, jusqu’à 6 (octode), augmentation de la puissance de quelques watts à la dizaine de Kilowatt, augmentation de la fréquence d’utilisation qui permet d’accéder aux ondes courtes, puis aux hyper fréquences (faisceaux Hertziens, radar), tubes multifonctions, diode/triode, double triode etc..
Raymond Braillard
1888 – 1945
Collaborateur de Girardeau avec lequel il travaille au Congo, Il réalise avec R Goldchmitt, à Bruxelles le 28 mars 1914 la première émission radiophonique européenne depuis le poste de Laeken.
Lucien Levy
1892 – 1965
On a vu qu’il avait construit en 1915 avec Louis de Broglie les premiers amplificateurs BF. En 1917, il met au point le montage super hétérodyne. Celui-ci crée un battement entre une onde reçue modulée et une onde produite localement. L’onde produite localement présente un écart de fréquence identique avec la fréquence reçue quelle que soit celle-ci. Il en résulte une onde modulée à fréquence dite intermédiaire plus faible que celle reçue, donc plus facile à amplifier avec les moyens de l’époque.
Après la guerre il fonde les établissements Radio L.L qui produisent des appareils de TSF (particulièrement recherchés aujourd’hui) mais aussi une station de radio en 1926. Rachetée par M Bleustein elle deviendra Radio-Cité.
Alexandre Popov
1859 – 1905
Le premier récepteur radio
Popov a réalisé ce que l’on peut considérer comme le premier récepteur d’ondes électromagnétiques, il s’en fallut de peu qu’il soit considéré comme le créateur de la T.S.F, ce qui est partiellement le cas. Pendant 7 ans il entretient avec Ducretet une correspondance suivie. Parmi celle-ci on trouve deux lettres intéressantes. La première est datée du 10 Janvier 1898, elle est adressée à monsieur A Popoff, observatoire météorologique de l’institut forestier de St Pétersbourg Russie. La seconde du 24 février 1898 est adressée à Monsieur A Popoff, professeur de physique à l’école des ingénieurs de la marine à Cronstadt Russie. Changement d’adresse à 1 mois et demi d’intervalle. Mon hypothèse est que nous nous trouvons au moment, sans doute un peu avant le 10 janvier 1898, où Popov est passé de chercheur en météorologie à celui de physicien spécialiste de la TSF, et ce quelques mois après les expériences de Marconi dans le canal de Bristol. Elles avaient prouvé que l’on disposait maintenant du générateur efficace d’ondes qu’il avait jugé nécessaire à la construction du matériel permettant les liaisons vers les navires. Que ce soit à son initiative, ou que ce soit parce que la hiérarchie avait pris conscience qu’elle disposait en lui d’un spécialiste déjà expérimenté, le résultat est qu’il va maintenant pouvoir se consacrer à la T.S.F. Il a aussi mis au point le premier récepteur téléphonique de dépêche, la réception au son, breveté avec l’aide de Ducretet. Début 1900 Il équipe de matériel Popov-Ducretet 12 navires de guerre russe. Il crée aussi un atelier russe de fabrication d’appareils de T.S.F. Le 6 février 1900, il effectue une liaison radio de 50km avec l’ile de Hogland en Finlande pour un sauvetage de marins.
Nikola Tesla
1856 – 1943
Auteur d’une multitude d’innovations dans le domaine de l’électricité. On retiendra la bobine de tesla dont dérive la bobine oudin utilisée en T.S.F. Il décrit en 1917 le principe du radar.
Ferdinand Braun
1850 – 1918
On lui doit deux innovations importantes : 1) l’attaque de l’antenne à travers un transformateur, ce qui augmente considérablement (de 3 ou 4 à 10) le nombre d’alternances d’une étincelle, 2) la capacité de la galène à détecter les ondes électromagnétiques ; Il est Co-titulaire avec G Marconi du prix Nobel de physique de 1909.
Eugène Ducretet
1844 – 1915
Entrepreneur autodidacte, il aborde de nombreux aspects de la mécanique de précision et de l’électricité. Il fournit des appareillages à la marine et est en relation avec C P Tissot. Après les travaux de hertz il fabrique des appareils reproduisant ces expériences. En novembre 1898 il réalise une liaison entre la tour Eiffel et le Panthéon. Il entre en relation en 1898 avec A Popov. Une fructueuse collaboration d’établit entre les deux hommes qui donnera lieu à l’appareil nommé Ducretet-Popov. Il réalise en particulier l’accord des circuits émetteurs et récepteur, ce qui est appelé à l’époque la syntonie. Son atelier, qui n’a rien à voir en importance avec ceux de Marconi, innove, produit et exporte du matériel télégraphique. Enfin, en avril 1908, G Ferrié absent de Paris pour cause de participation au Maroc à la campagne de la Chaouïa, il accompagne, en compagnie de Brenot, Lee De Forest à la Tour Eiffel, où ce dernier réalise une émission de radio téléphonie, elle sera reçue jusque Marseille !
Gustave Ferrié
1868 – 1932
Gustave Ferrié, officier du génie, va s’immerger dans la TSF. L’occasion lui sera donnée par une demande Marconi au gouvernement français d’autoriser des essais entre la France et l’Angleterre. L’accord est conclu et il est convenu qu’une commission française accompagnera les essais. Elle est composée des deux attachés militaires à Londres, pour la marine le commandant Fieron, pour l’armée de terre le colonel Comte Jules du Pontavice de Heussey, un représentant du ministère des P.T.T L’ingénieur Jules Voisenat, un représentant du génie militaire, ce sera G Ferrié, qui rédigera le rapport de la mission d’observation. Ce rapport impressionnera ses lecteurs, et vaudra à son auteur d’être convoqué par le ministre de la Guerre Charles de Freycinet. A la question du ministre « croyez-vous que l’on puisse en France, sans le secours de l’étranger, réaliser des applications militaires de la T.S.F… » Il répond : « certainement oui monsieur le ministre ».
Son avenir est alors tracé, qui sera à la fois scientifique, technologique et militaire, dans le domaine de la T.S.F.
Il sera à l’origine avec Tissot de l’émission des signaux horaire par la Tour Eiffel puis de la diffusion d’informations météorologiques. Ferrié déplore l’absence en France d’une entreprise analogue à la Marconi’s (1897) ou à la Téléfunken allemande (1903), il favorise la création par Émile Girardeau en 1910 de la Société Française Radioélectrique, qui deviendra plus tard la C.S.F.
Il équipe l’armée française, en retard sur l’armée allemande au début de la grande guerre d’un équipement de T.S.F puis de téléphonie sans fil performant qui équipera aussi les armées alliées y compris l’aviation américaine.
Ayant obtenu grâce à sa contribution à la victoire de la Marne le retrait du front des ingénieurs et physiciens spécialistes mobilisés parfois en première ligne, il constitue des services d’études et d’expérimentations.
Il y sera en particulier développé la triode appelée Lampe TM pour Télégraphie Militaire. Ayant récupéré dans des conditions rocambolesques un modèle allemand d’audion, grâce au travail de Peri, Abraham, Biguet et la société Grammont, ils mettent au point ce qui sera la meilleure triode de la guerre, à partir de 1917 il en est produit 1000 par jours.
Ils construisent (Louis de Broglie, et Lucien Levy) les premiers amplificateurs BF à tube et des récepteurs de bord pour avion.
Après la guerre, il poursuit sa tâche en France et dans de nombreuses institutions internationales. Et en 1930, le schéma de déploiement de la radiodiffusion en France, établi à la demande du gouvernement sera appelé Plan Ferrié,
Emile Girardeau
1882 – 1970
Avec Bethenod, 1883/1944, ancien assistant du physicien André Blondel, il crée la Société Française radioélectrique le 3 avril 1910, après une première tentative avortée en octobre 1908. Il développe des alternateurs à fréquence musicale (idée de Blondel) qui donnent des signaux morse beaucoup plus identifiables dans le bruit qui caractérisent à ce moment les transmissions télégraphiques, c’est pour réaliser une liaison télégraphique au Congo que les matériels furent mis au point. La réussite conduisit divers pays étrangers à commander le matériel, Belgique, Mexique Turquie, Russie, Chine etc.. .
Jusqu’alors, tous les appareils de radiotélégraphie étaient créés par Ducretet ou par les militaires, quand à la production en série, elle était assurée par des artisans (Jules Carpentier, Adolphe Gaiffe, Rochefort). Girardeau jouera un rôle important dans la production des émetteurs et récepteurs utilisés pendant la première guerre. Ensuite, avec la CSF crée en 1918, construction de la station de Sainte Assise qui atteint au maximum des possibilités des ondes longues, on passe à la téléphonie sans fil et à la radiodiffusion. Pour le passage aux ondes ultra-courtes, mise au point des magnétrons fonctionnant sur 70-80 cm de longueur d’onde. Premiers faisceaux hertzien (Calais Douvres, Nice Bastia) et équipement de navires de la Compagnie Générale Transatlantique en radar anti-collision (l’Oregon et le Normandie).